Treizour et l’équipage du Treiz

du 8 au 11 juillet 2021

Je passe 3 jours au ponton N119 à Arzal, et ils vont passer très vite. Je décompresse après cette croisière avec les aixois : eh oui, c’est stressant pour le captain de tout faire pour que ça se passe bien pour les équipiers ! On a fait un joli tour, même si la météo et la température n’ont pas toujours été de la partie. L’île d’Yeu a été une belle découverte, les marais salants de Noirmoutier aussi, Piriac est un gros bourg un peu endormi et charmant, et notre balade sur l’île d’Hoëdic a été un très bon moment. Et puis cette remontée de la Vilaine vers La Roche-Bernard a été aussi inattendue qu’agréable, avec comme point d’orgue cet après-midi chez Antoine et Brigitte.

 

Donc je décompresse, je bouquine, je mets en ligne mon journal de bord, je fais les inévitables petits bricolages à bord, collages, nettoyages, rangements.

Jeudi 8 juillet 2021 – Dernier passage de l’écluse à Arzal - le 4ème !

Gildas, mon voisin de la rue du Treiz, arrive vers 18h30, je suis allé l’attendre côté Arzal vers l’arrêt de bus. Son train a été un peu retardé, puis il a eu un bus avec correspondance imprévue à Muzillac, il a craint de rater ses correspondances et d’être en retard, mais tout va bien, il est là. On retourne au bateau sur la rive Camoël, et en passant sur le pont mobile du barrage je lui montre les secrets de l’écluse : je lui ai proposé de passer l’écluse dès ce soir.

Gildas a été dans le passé charpentier de marine, il a navigué sur de très beaux bateaux, dont le Bélem, excusez du peu, et son voilier est amarré dans le Port Rhu pas très loin de Treizour. Il devrait être un équipier de choc.

Gildas prend possession de sa cabine, et on prépare le bateau pour l’éclusage : les pare-battage sur chaque bord, les amarres avant et arrière, et un peu avant  20 heures on y  va.

Amarrage bâbord contre la porte aval, manœuvre sans problème. 8 voiliers dans l’écluse.

On sort de l’écluse et nous nous dirigeons vers le ponton d’attente en aval du barrage, je m’approche du ponton, mais ça ne se passe pas comme prévu : il y a un courant très fort ! Gildas saute sur le ponton avec une amarre qu’il met au taquet, le bateau part en travers, embarqué par le courant, presque perpendiculaire au ponton ! Je lui jette une amarre qu’il attrape, et tout rentre dans l’ordre. Ouf !

Pendant qu’on fignole l’amarrage du bateau, d’autres voiliers tentent de se mettre derrière nous mais c’est un peu le chaos. On va donner un coup de main à un gros voilier qui cafouille sa manœuvre ; le skipper, assez corpulent, tente de sauter sur le ponton, se prend les pieds et s’écrase figure la première. On attache le bateau en urgence avec sa femme, il se relève complètement groggy avec un hématome sur la joue et les deux poignets douloureux.

Pendant ce temps un grand voilier en alu tourne et retourne pour apponter. Le skipper est indécis, les équipiers ne savent pas quoi faire, et c’est finalement notre intervention qui va leur permettre de terminer leur arrivée. Décidément les appontages sont difficiles ce soir !

 

Premier dîner à bord pour Gildas, et on ne traîne pas trop, on va partir à l’aube demain.

Le retour au Port Rhu, en 2 étapes de 70 et 60 milles marins - un clic !
Le retour au Port Rhu, en 2 étapes de 70 et 60 milles marins - un clic !

 

Vendredi 9 juillet 2021 – D’Arzal à l’archipel des Glénan

Réveil à 5h15. Eh oui, comme d’habitude, on a des contraintes de marées, la basse mer est à 11h28 dans le passage de la Teignouse, entre Belle-Ile et Quiberon, il faut passer aux environs de l’étale si on ne veut pas se faire trop chahuter par le courant et les vagues. Je ne ménage pas Gildas à peine arrivé, mais il est d’accord !

6 heures, nous quittons le ponton d’attente d’Arzal. Il y a très peu de vent. Départ tout tranquille, le jour se lève, les feux sont encore allumés sur les bouées de balisage sur la rivière.

Il y a du petit crachin par moments, moteur, on est équipés pour la pluie, pantalon de ciré, capuche.

Nous faisons cap sur le phare de la Teignouse, la vie à bord s’organise, Gildas fait la vaisselle. Certains ont besoin d’une journée d’acclimatation à bord pour se mettre l’estomac en place en démarrant une croisière, mais Gildas n’en a pas besoin, et c’est parfait.

13h, on fait des essais de voiles après le passage de la Teignouse, mais c’est décevant, le vent est faible et face à nous, on laisse le moteur, mais on hisse la grand-voile, puis le génois, et peu à peu le vent tourne.

Vers 17h, enfin, le vent est suffisant, et beaucoup mieux orienté, on est sous voiles seules et ça avance bien. On a laissé le phare des Birvideaux sur bâbord, et nous longeons l’île de Groix au sud.

18h30, quelques dauphins ! Pas assez…

Peu à peu l’archipel des Glénan sort de l’horizon, le phare de Penfret, puis l’île, les rochers. 22h, juste avant de rentrer dans la « chambre » au milieu des îles, nous affalons tout, nous rentrons au moteur.

Nous cherchons une bouée dans la zone de mouillage près de l’île de St Nicolas. Prise de bouée impeccable, Gildas passe une amarre dans la bouée sur le côté du bateau.

À 22h45, on est amarrés.

On se fait un petit en-cas, des sardines à l’huile étalées sur une tartine.

 

Belle journée. Presque 17 heures de navigation, ce qui nous a permis de profiter des bonnes conditions météo, le vent tournant demain à l’ouest, là où on va.

Samedi 10 juillet 2021 – Pause aux Glénan

Fin de nuit pénible, le bateau s’est fait secouer à partir de 4 heures du matin : nous sommes entre les îles de St Nicolas et Bananec, entre les deux une langue de sable apparaît à marée basse, mais elle se couvre à marée haute, alors le clapot passe, le courant tournicote et notre petit bateau en fait les frais, comme ses occupants !

Il fait assez beau, mais le vent est là, vent d’ouest comme prévu. C’était le bon choix de nous poser ici, et on va profiter de cette journée de vacances.

Après un petit déjeuner tranquille, on gonfle l’annexe, et je propose à Gildas de tester le petit moteur hors-bord ; il n’a pas tourné depuis 2 ans, en Ecosse et en Angleterre.

Il faut que je redécouvre son fonctionnement et ses mystères ; on fait le plein de mélange 2 temps, on trouve à tâtons le robinet d’arrivée d’essence, et en insistant un peu il démarre, youpee !

On mange à bord, sieste, et l’après-midi on va sur l’île de St Nicolas. Il y a du clapot, on vise la plage. L’eau de l’archipel est toujours très belle, transparente, il y a du monde qui est venu avec les vedettes depuis Concarneau ou Bénodet.

Nous faisons le tour de l'île. Elle est très protégée, très entretenue. On se pose au bistrot pour siroter une bière.

Retour au bateau avec un vent qui se renforce, dans la soirée il y aura de vraies rafales, à plus de 25 nœuds.

On se couche tôt, demain on va partir à 4 heures du matin.

 

Dimanche 11 juillet 2021 – Des Glénan au Port Rhu

Réveil à 3h45… Cette fois-ci le passage à niveau à ne pas manquer, c’est le passage du Raz de Sein : la marée basse à Sein est à 12h45, il FAUT passer à l’étale, ensuite avec la marée montante le courant s’orientera vers le nord, et nous aidera à filer vers la baie de Douarnenez.

4 heures, nous larguons notre bouée, pas de vent, mer lisse, pas de lune, plein d’étoiles. Il y a juste les lumières des balises lumineuses, les pinceaux des phares de Penfret et de l’île aux Moutons, les feux de mâts des voiliers au mouillage. Des conditions parfaites.

Gildas est à l’avant du voilier avec un projecteur pour me montrer les bouées, les bateaux.

Nous sortons de l’archipel et nous faisons cap vers la pointe de Penmarc’h.

Nous sommes au moteur, puis nous hissons les voiles. Au petit matin le vent est encore contre nous, au sud-ouest, mais il tourne progressivement au sud, et au large du pays bigouden nous sommes sous voiles et ça marche bien.

6h30, le soleil est levé. La météo nous annonçait une couverture nuageuse épaisse, en fait nous allons avoir une très belle journée, du bon vent portant et une mer confortable jusqu’au Raz de Sein. Que demander de plus ?

10h, petit déjeuner à l’intérieur du bateau, au saut du lit on n’avait pris qu’un petit café.

 

Dans la matinée, le bonheur : une bande de dauphins va faire la fête autour du bateau pendant 20 minutes ! Ils sont une dizaine et font les fous dans les remous de l’étrave du bateau. On s’en met plein les yeux.

C’est pour ces moments-là que je fais du bateau…

13h, nous avons le phare de la Vieille et la tourelle de la Plate par le travers, l’île de Sein à bâbord. 7 voiliers sont passés en même temps que nous. Un peu avant le Raz, nous avons commencé à accélérer, 5 nœuds, 6 nœuds, puis le tapis roulant s’est mis en route, 7 nœuds, 8 nœuds…

Nous passons la pointe du Van, nous tournons doucement vers la baie de Douarnenez, et le vent a forci : normal, me dis-je, c’est l’effet d’accélération de la pointe. Mais non, le vent va continuer à forcir, et nous allons faire tout le retour vers Douarnenez avec 20-25 nœuds de vent, ce qui n’était pas prévu. Et en plus il pleut.

Nous observons un vol de fous de Bassan : souvent ils volent par deux, là ce sont des dizaines de fous qui tournoient, et nous finissons par comprendre qu'ils ont repéré un banc de poissons. Le spectacle commence, les fous plongent en piqué, et une bande de dauphins participe à la curée, et sautent, à deux, à trois. Un vrai festival !

Problème, la porte du Port Rhu ouvre à 16h45, et nous allons trop vite, nous serons en avance ! On roule un petit peu de génois. On a déjà pris un ris, on en prend le deuxième.

On va finir par rouler complètement le génois, et Treizour file encore à 3-4 nœuds ! Mais on a suffisamment ralenti pour ne pas avoir à se mettre à un ponton d’attente ; on entre après 17h dans le port.

Les pontons visiteurs sont pleins, on va se mettre à un ponton vide, pas loin de la bouée de Treizour, après le pont de Tréboul.

Belle journée de mer ! Gildas et Janique m’ont invité ce soir, gratin dauphinois et filet mignon, et après ça, une longue nuit de sommeil réparateur.

 

3 semaines en mer, merci Treizour !