D’île en île avec les aixois
du 26 juin au 5 juillet 2021
Samedi 26 juin 2021 – L’équipage à Arzal
Cristyne et Fortuné sont arrivés cette nuit, alors aujourd’hui on reste au port, on organise le bateau, on fait les courses.
Ce matin, on a une visite : Brigitte, sans Antoine, vient nous rendre visite à bord, et nous parle de leur grand voilier, « La Résolue », qu’ils viennent de vendre. J’ai rencontré Brigitte et Antoine dans l’archipel de Madère en 2003, j’étais parti pour un tour de l’Atlantique à bord de mon voilier Balum, et eux partaient pour au-delà de l’horizon : ils ont passé le canal de Panama, et sont allés jusqu’à Tahiti, à bord de leur voilier Persévérance. Depuis 5-6 ans ils sont installés dans la campagne, au bord de la Vilaine, à quelques km d’Arzal.
Antoine a été éclusier ici sur le barrage d’Arzal plusieurs étés et Brigitte a travaillé à la capitainerie ; elle nous suggère de passer l’écluse dès ce soir, solution astucieuse pour être prêt à partir demain matin : on se mettra pour la nuit au ponton d’attente juste en aval de l’écluse du barrage.
L’après-midi on va faire les courses au Leclerc de Herbignac.
Le soir à 19h30, après une dernière douche, on largue notre ponton, et on va d’abord faire le plein de fuel.
20h00, on rentre dans l’écluse, avec 2 autres voiliers, on se tasse à trois bateaux de front, l’éclusier fermant le « petit sas », bien plein avec 3 voiliers. Il peut ainsi rebaisser plus vite le pont pour les voitures.
Un quart d’heure plus tard on se met au ponton visiteurs d’attente pour la nuit.
Temps gris, humide. On se fait une pipérade fumante pour se réchauffer.
Quelques photos de Did
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Dimanche 27 juin 2021 - Arzal-Noirmoutier
7h nous larguons les amarres. La marée est haute, nous descendons la Vilaine sous la pluie. Petit crachin, qui va se calmer et s’arrêter en arrivant à l’embouchure de la rivière. Fortuné est à la barre, Cristyne fait la navigation à la table à cartes. On ne s’approche pas trop des bords, il y a des balises rouges et vertes qui permettent d’assurer une route sûre avec suffisamment d’eau sous notre quille.
Nous avons décidé de viser l’île de Noirmoutier. On va avoir du soleil, après un bon grain. Le temps est très instable, tout ça ne ressemble pas vraiment à l’été !
Treizour est au près serré, on tire des bords au large de Piriac et du Croisic. Le vent est soutenu, on prend un ris dans la grand voile.
Fortuné barre toujours, et Cristyne est à la manœuvre : on largue le ris.
13h, beau temps. Il reste 17 milles sur notre étape d’une quarantaine de milles marins.
Menu : taboulé de la mer, jambon du pays de Metz, compote d’ananas, eau et vin.
Dans l’après midi, on est toujours au près serré, on continue de tirer des bords. Le vent est toujours soutenu, un peu trop, la mer est agitée, vraiment trop… Et Fortuné est barbouillé. Je décide de raccourcir sa punition, on va mettre le moteur pour les 5 derniers milles, sur une mer bien formée, trop formée.
19h30, on est amarré au ponton à l’Herbaudière, le port de l’île de Noirmoutier. J’avais téléphoné dans l’après midi, on nous a attribué un ponton, le K458. Je cafouille joyeusement ma manœuvre d’arrivée, le vent sournois nous pousse, mais notre voisin nous donne un coup de main, et tout rentre dans l’ordre, ouf !
Fortuné, le calabrais, nous fait des spaghettis à la carbonara.
On va souvent bien manger pendant cette croisière, et aussi se faire des apéros de luxe : des « mojitos », dont Cristyne et Fortuné ont rapporté la recette de Cuba, des « ti-punchs », des petits verres de « Moscatel » rapporté par moi de Rosas au mois de mai. On se soigne !
Lundi 28 juin 2021 – Pause à Noirmoutier
Le temps s’est amélioré, et la journée d’hier a été longue et humide, secouée, alors on s’accorde une journée de pause sur l’île de Noirmoutier. Quand on part pour des croisières sur un temps limité, souvent c’est la galopade et on ne se donne pas le temps d’explorer l’intérieur des terres. Je suis déjà venu ici il y a longtemps avec mon voilier Shaka, vers 1998, et peut-être sur un voilier de location avec la bande des copains dans les années 80, Cristyne aussi, mais je n’en ai aucun souvenir... Ah la mémoire !
Le matin il y a un marché sur le port, on va faire quelques courses : des légumes et un poulet grillé. À l’épicerie du bourg, nous trouvons du sel de Noirmoutier : incontournable.
On mange à bord, puis nous partons pour une balade dans l’île, nous voulons voir les marais salants.
Le temps est mitigé, mais lumineux. Très vite nous nous retrouvons au milieu de ces retenues d’eau de mer canalisées et entretenues avec soin, quadrillées de minuscules digues de terre. Par endroits des monticules de sel semblent sécher au soleil, même si on se dit que le temps est bien humide ces jours-ci pour laisser du sel en plein air.
Nous découvrons les petites rues de l’île, bordées de maisons basses, visiblement des maisons de vacances pour la plupart. Notre chemin de retour longe la plage.
Le soir on voulait se faire un resto mais tout est fermé, lundi soir…
Pour se consoler, mojito à bord pour l’apéro !
Mardi 29 juin 2021 – de Noirmoutier à l’île d’Yeu
Nous nous levons à 6h30, le projet du jour est Port-Joinville à l’île d’Yeu, et on veut y arriver tôt pour découvrir l’île.
7h30, un grain rince le bateau et des rafales balaient le port, nous décidons sagement d’attendre…
8h00, on largue les amarres. Des rafales désagréables nous bousculent, je cafouille la manœuvre, je finis par sortir de ce piège en marche arrière, et tout rentre dans l’ordre.
Dehors la mer est agitée, plus qu’annoncé sur les bulletins météo.
Nous faisons cap au sud, vers l’île d’Yeu. Nous roulons le génois de 2 tours et prenons un ris dans la grand voile. Allure grand largue, et ça marche fort, 7 nœuds.
Dans la matinée j’appelle la capitainerie du port, on les rappellera en arrivant dans la passe.
11h30 il nous reste un peu plus de 3 milles nautiques à parcourir, et la mer est toujours assez agitée, mais il fait beau.
12h45, nous sommes amarrés au ponton C11. Il y a des places libres sur les pontons visiteurs, ce n’est pas encore la grosse affluence de juillet et août.
On déjeune à bord, et à nouveau la pluie tombe.
Tout à coup, je vois par le hublot un bateau arriver à côté de nous, bien rapidement je trouve.
Fortuné et moi sortons pour donner un coup de main, l’averse redouble, et en 5 minutes nous sommes trempés. Le skipper, seul à bord, arrive de St-Gilles-Croix-de-Vie, il a eu une mer très agitée, des vagues, 25 nœuds de vent, et à l’arrivée sa marche arrière moteur était bloquée, d’où son arrivée pas très orthodoxe, le vent le poussant sur le ponton. Pourtant son voilier est impeccable, et il revient d’une virée en Galice, en solitaire.
Le temps se dégage, et nous partons explorer Port-Joinville qui est un petit bourg charmant, un ancien village de pêcheurs qui n’a pas trop perdu son âme en devenant touristique. Le front de mer est très photogénique, parfait pour la promenade du soir.
Les rues sont étroites, tortueuses, des jardins minuscules débordent de plantations en tous genres.
Le soir nous nous trouvons une terrasse de restaurant sur le port, poisson pour tout le monde : merlu grillé, fish & ships, thon mi-cuit, tout ça excellent. Il y a du monde sur les quais du port, l’ambiance est tranquille, très agréable.
Quelques photos de Cristyne
Mercredi 30 juin 2021 – de Port-Joinville à l’Herbaudière
Il fait beau ! Et peu à peu la fraîcheur des petits matins s’adoucit ; les premiers jours, quand j’ai quitté Douarnenez, je mettais un collant en polaire sous le pantalon, deux épaisseurs en haut, tout ça ne sera bientôt qu’un lointain souvenir.
Aujourd’hui matinée tranquille au port, le vent du matin ne nous est pas favorable, plutôt du nord, mais il va tourner vers l’ouest à partir de midi-une heure.
On mange à bord une belle salade de crudités très colorée.
12h45, nous quittons le ponton, et dès la sortie du port nous hissons les voiles. Près serré, mais allure confortable, le vent est modéré et la mer s’est bien calmée, ça devient vivable.
Fortuné fait une petite sieste, Cristyne et moi nous bouquinons. On bronze !
Dans l’après-midi le vent tombe, moteur.
Une demi-heure plus tard, le vent revient et tourne favorablement, vers le travers et le largue.
On se fait une belle arrivée vers Noirmoutier. J’ai appelé le port pour réserver un ponton, le port est plein, on nous propose de nous mettre à couple du voilier « Chardonnay », en bout de ponton. Je demande à la capitainerie de prévenir cet équipage de notre arrivée, mais apparemment ce n’est pas la coutume. Et de toute façon, ils ne seront à bord que quelques minutes avant notre arrivée. Pas grave, ils sont très accueillants.
Nous arrivons à 19h, et nos manœuvres deviennent plus élégantes. Mes équipiers sont efficaces et toujours prêts, mais ces jours-ci je ne suis pas au mieux de mes performances pour les manœuvres au moteur quand il y a du vent…
Fortuné nous mitonne des pâtes thon-câpres-citron, parfait.
Jeudi 1er juillet 2021 – de Noirmoutier à Piriac
Réveil à 6h – assez souvent ces jours-ci, nous nous levons à l’aube, à cause des horaires de marées, des horaires d’écluses ou à cause des changements météo, et ça ne nous pose pas de problèmes. Je me lève le premier, je prépare le café, je sors le beurre, la confiture d'oranges amères et le miel, Cristyne et Fortuné se lèvent, et on se prend le temps qu’il faut pour notre petit déjeuner.
Aujourd’hui, on ne traîne pas, nous voulons arriver à Piriac, et le port est doté d’un seuil qui n’est pas franchissable pendant 3
ou 4 heures autour de la marée basse. Et d'ailleurs, aux grandes marées basses l'avant-port est à sec.
Aujourd’hui la marée est basse un peu après 17h, et la capitainerie nous dira qu’il faut passer avant 15h30, ou même si possible 15h15…
7h00, on fait un départ discret et silencieux de notre amarrage à couple.
Beau temps, tout petit vent : on part au moteur vers l’ouest pour faire un près un moins serré pour notre remontée vers Piriac.
Le vent reste très faible, on continue au moteur. On observe depuis un bon moment de drôles de bateaux, quelque chose qui ressemble à une plateforme pétrolière, des colonnes plantées en mer qui nous évoquent des piles de pont.
Vers 11h du matin, je suis contacté à la radio VHF : « le voilier qui fait route vers le nord ouest… ». Je rappelle : « Ici le voilier Treizour, je suppose que c’est à moi que vous voulez parler ? »
« Vous arrivez dans une zone interdite à la navigation ! » Nous apprenons qu’ici, au large du Croisic, on est en train d’installer un champ de 80 éoliennes !
Nous faisons donc un détour à l’est du plateau de la Banche. Pendant ce temps, en Manche, des pêcheurs manifestent contre un parc de 62 éoliennes en baie de St Brieuc… Euh, ils préfèrent une centrale nucléaire ?
Le captain prépare des lentilles avec une saucisse à cuire, et l’équipage apprécie. Oublié le temps des petites mines et des estomacs bousculés, on mange en mer, et avec appétit !
Le vent est revenu, on avance bien sous voiles, mais je fais des calculs de vitesse moyenne, et je finis par rajouter le moteur aux voiles pour être sûr d’arriver avant la fermeture du port.
Nous allons finalement passer le seuil du port à 15h20, un affichage lumineux indique qu’il reste 1,50m d’eau, Treizour a 1,40m de tirant d’eau, ouf !
Une fois dans le port, nous constatons que par endroits il y a à peine un peu plus de 1,40m d’eau : ah, ce n’est pas un port pour les grands voiliers qui font 2 mètres de tirant d’eau ou plus.
Un marinier du port nous attend devant le seuil dans sa barque à moteur, il nous conduit à notre place réservée : service de luxe, une première ces jours-ci.
Il y a quelques jours on nous avait vanté Piriac, un port charmant, et ça a l’air vrai. C’est un petit bourg ancien tout propre et tout rénové, des rues étroites aux noms typiques comme la venelle du sourd, la rue du grain, la rue des cap-horniers, la rue des petites sœurs…
Au détour d’une rue, on tombe sur la Maison du Patrimoine, on entre dans ce petit musée local qui nous parle du Piriac d’autrefois.
Nous trouvons une superette et nous en profitons pour recharger la cambuse. Au hasard de nos déambulations, on découvre un jardinet transformé en roseraie : on admire, et le propriétaire nous dit de sa fenêtre du 1er étage « vous pouvez entrer ! » Cristyne et Fortuné ne se le font pas dire 2 fois, eux qui ont à Aix-en-Provence un jardin rempli de fleurs, d’arbres fruitiers et de plantes en tous genres.
Le propriétaire nous rejoint et nous fait l’article sur toutes ses variétés de rosiers, sur sa façon de les tailler, de les arroser, de les greffer… Il offre à Cristyne une très belle rose qui va trôner dans notre carré jusqu’au bout.
Pour le soir nous avons réservé chez « Lacomère », un restaurant assez folklorique, avec un patron qui vient jouer un ou deux airs à la cornemuse, et vient à notre table pour nous livrer ses secrets de cuisine. Deux cotriades, et des sardines farcies à la menthe, on a bien mangé.
Vendredi 2 juillet 2021 – de Piriac à l’île d’Hoëdic
Le seuil du port de Piriac ouvre à 6h40 du matin, nous le passons à 7h30, il y a 1,80m d’eau. Le vent est très faible, il y a un petit soleil brumeux.
Cap sur l'île d'Hoëdic. Cristyne a très envie d’y aller, on était venu ici dans les années 80 ou 90 pendant une croisière avec la bande de copains, et elle en garde un joli souvenir. Personnellement, j’ai dû venir ici aussi, mais ma mémoire me joue des tours…
La mer est belle, on n’a que 4 heures de route pour parcourir la distance.
On a appelé la capitainerie du petit port d’Hoëdic, nous pouvons nous mettre sur la tonne n°2, une grosse bouée cylindrique en aluminium où tous les bateaux amarrent leur proue, en cercle.
11h30, on s’amarre à couple d’une vedette à moteur Pogo, fabriquée à Ste Marine. En fait le cercle de bateaux n’est qu’un demi-cercle, il n’y a pas beaucoup de monde, en ce début juillet.
Une marinière du port patrouille sur sa barque, je lui ai demandé où me mettre, elle m’a répondu « je sais pas… ». Je trouve qu’elle est nulle, mais elle est toute jeune, alors Fortuné la trouve charmante !
Une première : on gonfle l’annexe, et on va à terre.
On n’a pas répété la manœuvre : arrivés au ponton, je manque de tomber à l’eau en sortant de l’annexe, et je me mouille (à peine…) le derrière ! Humiliation du captain…
Hoëdic est une île toute petite, mais très anciennement habitée. Autrefois les habitants étaient des pêcheurs, et la vie devait être dure. Aujourd’hui les maisons modestes ont été retapées, un peu modernisées, mais il n’y a pas de voitures, pas de néons qui clignotent, on est au bout du monde.
Nous partons à travers l’île et découvrons un fort à la Vauban qui nous rappelle celui de Ste Marine ou celui de Bénodet, un fort un peu enterré dans le creux de la dune.
Une exposition de photos présente la vie ici autrefois, et même il y a quelque milliers d’années : des fouilles archéologiques ont mis à jour des restes nombreux, des tombes. Il y a 6000 ou 7000 ans, le niveau de la mer était beaucoup plus bas, Hoëdic et l’île de Houat sa voisine ne faisaient qu’une île, très grande, apparemment déjà très peuplée.
Nous continuons notre promenade vers la côte sud et découvrons le port de la Croix, un port asséché à marée basse, abrité sommairement de 2 digues. Quelques voiliers sont posés là sur le sable, ainsi que des petites barques de pêche.
On observe un jeune homme en train de manipuler des boîtes noires en plastique : c'est un biologiste en train de participer à la dératisation de l'île. Et ça a marché, nous explique-t-il, des boîtes pleines de poison avaient été posées aux endroits stratégiques de l'île, là il ne fait plus qu'un contrôle. Problème d'une île, l'introduction d'une espèce peut créer des ravages, avantage d'une île, on arrive à l'éradiquer. à Douarnenez, si on élimine un rat, il en revient 10. Je le sais, des rats sont venus visiter ma maison récemment...
Nous faisons le tour de l’île vers l’ouest, en longeant les rochers et les plages de galets. Triste spectacle, nous découvrons un dauphin mort sur une plage.
Nous atteignons la pointe nord-ouest où des fouilles archéologiques sont en cours.
La météo est tranquille, mer plate, pas mal de voiliers sont sur leur ancre au nord de l’île et sur la côte est.
Retour au village qui est regroupé au centre de l’île autour de l’église, sur la hauteur. On va « au bar du nord », un bistrot avec terrasse au nord, nous mangeons une boule de glace en observant de loin les voiliers.
Samedi 3 juillet 2021 – d’Hoëdic à La Roche-Bernard
La météo marine des jours prochains est menaçante, nous décidons d’avancer d’une journée notre retour sur la rivière la Vilaine.
Petits calculs pour programmer notre heure de départ, je veux arriver en fin de marée montante sur la Vilaine ; la marée est haute à 13h14, et il y a un éclusage au barrage d’Arzal à 14h.
7h00 départ. Nous quittons notre bouée sous un petit crachin. Nos voisins dorment, nous nous faisons discrets.
On démarre sous voiles, le vent nous est favorable, nous sommes au portant, on fait des essais de voiles en ciseaux, mais on va terminer avec un coup de pouce du moteur.
Nous laissons l’île Dumet par le travers tribord.
En fin de matinée, on arrive à l’embouchure de la rivière sous une grosse averse, le ciel est couleur d’ardoise, l’horizon est bouché. On ferle les voiles, et bien sûr 10 minutes plus tard il fait soleil.
La marée montante nous aide à remonter la rivière. Tout le long nous faisons cap sur les bouées rouges et vertes, je n’ai pas trop envie d’aller me frotter à la vase des rives.
12h30, l’écluse est déjà ouverte, on rentre dans le sas, il y a déjà 3 voiliers. Ils sont du côté bâbord, je veux me mettre côté tribord juste devant le pont routier encore baissé. Le vent souffle par rafales, il a l’air traversier, mais je me rends compte, trop tard, qu’il s’engouffre dans l’écluse et me pousse par l’arrière. Cristyne et Fortuné s’affairent à essayer d’attraper les chaînes sur les côtés de l’écluse sans se rendre compte que le voilier continue à avancer. L’enrouleur de génois touche le pont, les barres de flèche et les haubans s’appuient sur la rambarde piétons, le bateau commence à partir en travers, la panique !
Je jette une amarre au voilier voisin, l’équipière nous tracte vers l’arrière, ouf, tout s’arrange ! En fait mes 2 équipiers n’ont pas vu qu’on était appuyé contre le pont, avec le risque de coincer le mât, c’est moi qui le leur explique après coup, et c’est très bien comme ça, ils n’ont pas eu le temps de s’inquiéter. Seul le captain…
14h, le pont se lève, tous les bateaux avancent jusqu’à la porte amont. On est à 3 de front juste derrière cette porte, derrière nous les coques s'imbriquent peu à peu les unes contre les autres, l’écluse est finalement pleine à ras bord, il doit y avoir 15 ou 18 bateaux.
14h40, La porte s’ouvre, on sort dans les premiers, et nous avons décidé de filer et de remonter la rivière vers la Roche-Bernard.
Autrefois quand on venait en Bretagne, la nationale traversait la Roche-Bernard et son pont suspendu au dessus de la Vilaine, et tout l’été c’était le bouchon garanti.
Maintenant la 4 voies qui va de Nantes à Quimper-Brest s’est éloignée et passe sur un nouveau pont, et ce gros bourg est devenu une destination touristique tranquille et très prisée, une « petite cité de caractère », comme dit le panneau à l’entrée de la ville.
Sur quelques kilomètres la rivière sinue, et la capitainerie nous attribue une place au ponton visiteurs très bien située, tout près du vieux port niché dans cette échancrure du rivage surplombée de grands rochers.
Nous sommes amarrés à 15h45. Le mauvais temps annoncé commence à faire clapoter la rivière, ça fait du bruit sous la jupe arrière du bateau. Pourvu que ça se calme pour la nuit.
Nous partons explorer la ville. J’emmène mes équipiers au « Sarah B. », un bistrot-restau assez étonnant que j’avais découvert il y a quelques années.
On monte dans la ville, petites rues pavées et boutiques d’artisanat d’art. La vue sur la rivière est très belle de là-haut.
Le soir on s’est réservé une table à la crêperie en face de notre ponton, on peut même surveiller Treizour du coin de l’œil. Les crêpes sont excellentes et généreuses. Beaucoup de monde sur les terrasses des restaurants, ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas été au milieu d’une foule pareille.
Retour au bateau, le clapot s’est calmé, nuit tranquille.
Quelques photos de Fortuné
Dimanche 4 juillet – La Roche-Bernard et Nivillac, chez Brigitte et Antoine
Aujourd’hui, grasse matinée ! Pas de réveil à point d’heure, on est au chaud à bord.
J’avais un petit projet de remonter la Vilaine sur quelques kilomètres encore, jusqu’au port de Folleux. Mes amis Brigitte et Antoine ont leur maison tout près, dans la campagne, avec vue sur la Vilaine et les bateaux qui remontent jusqu’à Redon. Leur voilier « La Résolue » est-était basé à Folleux. Je dis « était » car ils sont en train de le vendre, et ça date d’il y a quelques jours ! La Résolue est un grand voilier en acier de plus de 13 mètres d'une quarantaine d'années, magnifiquement restauré et rénové par Antoine. Il lui a trouvé des acheteurs à peine mis en vente, des acheteurs qui projettent de le mener vers la Suède, la Norvège.
Brigitte me déconseille de venir à Folleux, le ponton visiteurs annoncé dans les guides n’existe pas vraiment, et Folleux est un trou perdu dans la campagne, parfait pour stationner son bateau pendant la mauvaise saison, mais inintéressant pour une escale. C’est noté. On reste à la Roche-Bernard.
À midi, Brigitte arrive au bateau avec sa sœur Sylvie et ses deux petits-neveux Arthur et Emma ; ces deux-là ne sont jamais montés sur un voilier ! Je leur fais la visite, puis Brigitte nous emmène chez elle pour déjeuner. Cristyne et Fortuné sont allés acheter des gâteaux, et j’apporte un bocal de pâté artisanal que m’ont apporté mes amis de Metz il y a quelques semaines.
Brigitte nous fait parcourir son domaine, 3 hectares quand même ! Elle nous présente ses 2 chevaux superbes et la vieille ponette dans son enclos.
Nous mangeons sur la terrasse, sur une grande table, et nous sommes tous installés face au paysage ; c’est vraiment un très bel endroit.
Dans l’après-midi Brigitte nous ramène au bateau, elle a le projet de partir à cheval avec sa petite nièce Emma dans les prés au bord de la Vilaine.
Nous mangeons à bord, et dans la soirée nous allons au « Sarah B. » manger une glace. Dernier soir ensemble !
Lundi 5 juillet 2021 – de La Roche-Bernard à Arzal
7h30, on se lève, il y a eu du clapotis sous le bateau au petit matin. à 9 heures on s’apprête à partir, mais une bonne averse nous rince le pont. On attend un peu avant de larguer les amarres.
Nous faisons la descente de la rivière au moteur. Le ciel est gris mais il ne crachine pas. On scrute les berges, il y a de grandes aigrettes qui se cachent dans les roseaux, ou qui pêchent au bord de la rivière.
J’embauche mes équipiers une dernière fois pour faire le plein de fuel, je commence à préparer mon retour à Douarnenez, les prévisions météo m’annoncent du petit vent, plutôt contraire : beaucoup de moteur en perspective ?
On se met au ponton N119, côté Camoël, et les aixois commencent à faire leurs sacs. Nous partons vers Herbignac pour faire des courses au Leclerc : je fais des provisions pour mon voyage retour, et mes équipiers s’achètent quelques provisions pour piqueniquer en route, mais aussi pour chez eux : Cristyne se fait cuire des langoustines chez le poissonnier, et elle achète un pain de glace pour les stocker dans sa glacière jusqu’à Aix. Elle en rêvait !
Ils partent vers 13h, ils comptent arriver dans la nuit à Aix.
Et moi je fais une pause à Arzal, sieste, lectures, écritures. Je suis très bien ici, la météo marine a annoncé pour la nuit prochaine des rafales à plus de 40 nœuds, et des vagues de 2,70m ! Pourquoi se faire mal, quand on peut rester sous sa couette ?
Mon voisin de Douarnenez Gildas arrive dans 2 jours, nous allons remonter le bateau ensemble vers le Port Rhu, son port d'attache.
Belle virée, c'est ma première vraie croisière depuis 2 ans, ça me manquait !